Un, les orteils des hêtres sont si longs qu’on croirait marcher sur
une chevelure. Des princesses figées par un charme, il y en a tant et plus, qui
continuent de pousser quoiqu’on ne saurait l’affirmer à l’œil nu. Leurs
ongles, leurs cheveux, tout leur corps même qui s’allonge hors de proportion. Pardon
pour le sacrilège, mais c’est caresse aussi, sur le bois dur. Au village les
rangées sont plus sages, un gros homme va de platane en platane, imposant les
mains, écoutant. S’imaginant entendre ? Au bout de l’allée enfin, il va se
planter devant un présentoir de cartes postales où il compare méticuleusement un
bovidé faisant valoir que la montagne est vachement belle (dans un long
meuglement de « aaa ») et un mouton bêlant dans une bulle façon bande
dessinée. Deux pour l’incongruité. Menant à trois, dis-moi ce que tu manges, je
te dirai... Ça pourrait s’appeler le serment du pâté. Des décennies d’ingestion
vaguement écœurée de ces organes étrangers, foie, gorge, poitrine, dont les
protéines sont censées s’amalgamer aux nôtres. Eh bien ça suffit. Il y a des
limites au voisinage génétique. Que les nuits à venir, pour l’éternité, ne mêlent
plus aux odeurs faisandées des chaussettes celle de pets de porc.
mardi 14 août 2018
lundi 13 août 2018
13 août
Et le septième jour Binh-Dû réapparut. Divinement
régénéré. Un ange de gentillesse. Un parangon de zénitude. Vraiment ? La
voix guillerette dans les enceintes du supermarché est intolérable, il se
bouche les oreilles. Pas pratique pour attraper un paquet de biscuits –
qu’a-t-il besoin de biscuits ? Il vole un fruit, il se trompe de
rond-point – mais il n’écrase personne. Il ne sait plus quel pistolet prendre à
la pompe, d’ailleurs il a oublié comment s’en servir, et puis la barrière
refuse de s’ouvrir. Plus Binh-Dû que jamais, un étranger universel.
Le lendemain les cloches sonnent à la volée, allez,
un, deux, trois ! Car un, se remet en mouvement le déploiement. Des
montagnes, pas à pas. Le sentier longeant les crêtes invite à poursuivre encore
et encore après le prochain versant, d’accord, on reviendra à la nuit. Deux (sans
pour autant profiter de l’offre), une vitre qui s’abaisse, un sourire,
« Vous voulez un passage ? » Il y a pléthore de passages, celui
du jour s’accomplit à pied. Jusqu’à trois, lorsque tombée du ciel s’ajoutera
une étoile filante, indiquant le chemin.
dimanche 12 août 2018
samedi 11 août 2018
vendredi 10 août 2018
jeudi 9 août 2018
mercredi 8 août 2018
Inscription à :
Articles (Atom)