dimanche 26 janvier 2020

26 mars


         Le confort est un repli, le confort est une abstraction. Un rêve organisé, comme on le dit de certains voyages. Le confort est un voyage pour valise à roulettes – hors macadam ça ne passe plus. Un « agréable voyage », ainsi que nous le souhaite sans en rien penser le conducteur du train. (Ses intonations montantes, inculquées en stage d’expression orale.) Le confort est une concrétion, un mausolée en construction. Rempli d’objets-doudous. On n’y a pas mal. On s’y fait. On y meurt. Le confort est un progrès sans suite. Une merveilleuse chance de durer. Le confort est une garantie et un poison lent. Le confort est une menace d’épouvante. Où est ma tablette de chocolat ? Le confort est une addiction.
         Ils vivent avec le sentiment de ne pas avoir le choix. Ils le disent : « Je n’ai pas le choix ». Au téléphone dans le train, refermant leur laptop, il y a de la fierté dans le constat. Une image de soi, courageuse, résignée, nostalgique déjà de la vie qu’ils auront dilapidée. Toute cette humanité vaincue. On pourrait les décrire à l’infini. Leur conformisme, leurs petites audaces, leurs doudous d’adultes. Un air égaré. Tous pareils – tous amochés. Et soi ? L’espoir de ne pas être autant zombifié.
         Mon confort n’est pas le tien. Mais mon confort est comme le tien. Il me rend peureux. Pusillanime. À cause de mon confort je préfère ne pas. Il est collant. Il ne suffit pas de s’en détacher, impossible, il faut s’en arracher.