mardi 28 janvier 2020

28 mars


         « On va patater en 511 ! » annonce le maître des éclairages. Et de fait, l’obscurité prend forme, des chemins de lumière dorée se dessinent, un corps hérissé de piquants émerge de sa tanière, se redresse, s’ébroue, ne dirait-on pas qu’il va s’envoler ? Ah non, ce sont les images projetées en-dessous de lui qui pivotent tel un palétuvier céleste, « Je lance le fondu dès que tu me désécrases », informe la vidéaste. D’hésitante, la transe prend de l’ampleur, aux manettes le sorcier sonore se démultiplie, « Je t’envoie un ‘cue’ sur ton retour, tu entends ? »
         Decrescendo le soir dans un bar du centre-ville. Chacun son bord de table, un verre de vin, un panaché, une bière sans alcool, une limonade – ça descend. Le néon rouge supplée d’imaginaires coups de soleil. Le coiffeur, la vendeuse de lingerie et le  confiseur cèdent leurs baux. Mais les affaires fleurissent à la baraque à frites. Dans l’appartement prêté aux murs acidulés on décolle le papier huilé, on ajoute du saucisson et des pistaches. On révise la journée écoulée. On termine avec des tisanes, la tête penchée près des rainures à miettes, les doigts fatigués.