« On
va patater en 511 ! » annonce le maître des éclairages. Et de fait,
l’obscurité prend forme, des chemins de lumière dorée se dessinent, un corps
hérissé de piquants émerge de sa tanière, se redresse, s’ébroue, ne dirait-on
pas qu’il va s’envoler ? Ah non, ce sont les images projetées en-dessous
de lui qui pivotent tel un palétuvier céleste, « Je lance le fondu dès que
tu me désécrases », informe la vidéaste. D’hésitante, la transe prend de
l’ampleur, aux manettes le sorcier sonore se démultiplie, « Je t’envoie un
‘cue’ sur ton retour, tu entends ? »
Decrescendo
le soir dans un bar du centre-ville. Chacun son bord de table, un verre de vin,
un panaché, une bière sans alcool, une limonade – ça descend. Le néon rouge
supplée d’imaginaires coups de soleil. Le coiffeur, la vendeuse de lingerie et
le confiseur cèdent leurs baux. Mais les
affaires fleurissent à la baraque à frites. Dans l’appartement prêté aux murs
acidulés on décolle le papier huilé, on ajoute du saucisson et des pistaches. On
révise la journée écoulée. On termine avec des tisanes, la tête penchée près
des rainures à miettes, les doigts fatigués.