Cet
après-midi-là marqua le début de ce qu’on baptisa notre « révolution de
papier ».
« On
va les accrocher de façon à ce que tout le monde puisse les voir, ce sera notre
premier acte de guerre. » Ces tracts citaient de nouveaux crimes contre la
nation. « Pourquoi les autres seraient-ils les seuls à avoir le droit de
dire des conneries ? » grommela-t-il.
Notre
premier manifeste en listait quatre.
Ne pas dénoncer un crime contre la nation est
un crime contre la nation.
Ne pas savoir ce qu’est un crime contre la
nation est un crime contre la nation.
Demander ce qu’est un crime contre la nation
est un crime contre la nation.
Penser ou affirmer qu’il y a trop de crimes
contre la nation est un crime contre la nation.
« Il
en manque un », décrétai-je. Isaac me passa son marqueur.
Je notai
ce cinquième et dernier crime sur chaque feuille de papier, puis lui montrai le
résultat :
Lire ce tract est un crime contre la nation.
Il passa
le bras autour de mes épaules et m’embrassa sur le haut du crâne.
« On
forme une équipe formidable, toi et moi », conclut-il.
---
L’imagination est la première forme d’action
politique.
Dinaw
Mengetsu (Tous les noms)
& Coline Pierré (Éloge des fins heureuses)