11 mai
La nuit on rêve, mais quelqu’un n’est pas le mieux à même de raconter ses rêves. Ou ce n’est simplement pas le lieu. La chambre est anonyme, rien ne s’y déroulera de notable durant cinq nuits, si ce n’est le staccato de la pluie sur le velux.
Le ciel lavé dispense une senteur d’herbe coupée sur le chemin du théâtre. Tu es en avance. Le plateau en attente est polarisé par un imposant tambour-soleil. Bientôt s’élève la musique. Depuis deux semaines elle se cale, viscérale, entre les murs tendus de noir.
Et la lumière également se constitue, touche après touche. Que l’écrin soit idéal pour une danse idéale. Pour ce moment où tout s’assemble, dans l’ébauche encore d’une vision partagée. Les heures filent, essentielles, et nous précipitent vers l’insensé couvre-feu.
On fait le bilan sur le parking au milieu du pépiement des oiseaux du soir. Tu es un peu mécontent de toi – tu n’es pas idéal – mais tu as pleuré deux fois face à la beauté (c’est être davantage que quelqu’un). Dans l’obscurité, personne n’a remarqué ton émotion.