Je peux entrer ? demanda Sylvelle. Non ! s’exclama-t-il, affolé, cherchant ce qu’il lui fallait dissimuler d’urgence dans cet espace étroit, soudain revenu au temps de son adolescence et c’était sa mère qui se tenait à la porte. Mais la seule chose à soustraire aux regards indiscrets était lui-même, lui et son reflet qui s’agitait en bordure de sa vision et en dépit du bon sens. Empêcher à tout prix qu’elle voie ça, mais comment faire ? Sylvelle entrouvrit, Que se passe-t-il ? Jumien s’assit sur la corbeille à linge, interdit, au moins elle ne verrait qu’un seul de lui-même en entrant. Tu en fais une de ces têtes, on dirait que tu as vu un fantôme, s’inquiéta-t-elle, la tête dans l’entrebâillement. C’est un peu ça, confirma-t-il, moitié soulagé moitié pas du tout. Elle s’approcha, prit son visage entre ses mains, le dévisagea, Tu m’inquiètes, dis-moi ce qui t’arrive. Il la regardait d’en bas, soudain timide, elle lui avait ôté les mots de la bouche, dis-moi ce que tu vois, dis-moi ce qui m’arrive. Tu ne remarques rien d’anormal ? s’aventura-t-il, les yeux rivés aux siens. Je remarque que tu es assis comme un misérable sur la corbeille à linge et que tu as une mine épouvantable. Mais c’est tout ? Dis-moi ce qui ne va pas, s’impatienta-t-elle. Jumien se redressa, prenant appui sur un bras de Sylvelle, et les amena tous deux en face du miroir.