mercredi 23 septembre 2020

Narcissus contrariata (3)

Sylvelle embrassait ses paupières, Jumien tendit ses lèvres vers la lumière, elle y déposa un baiser léger. Il ouvrit les yeux. Le demi-jour à travers les rideaux indiquait l’heure, Le réveil n’a pas sonné ? demanda-t-il. Je l’ai désactivé juste à temps pour te réveiller moi-même, murmura Sylvelle. C’est gentil, balbutia-t-il. Il se sentait une raideur au niveau des mâchoires, l’équivalent d’un torticolis dans le cou. L’élocution pâteuse, la gorge sèche et une immense fatigue, comme s’il n’avait pas encore commencé de dormir. Sylvelle l’embrassa, nullement importunée par une haleine matinale qu’il supposait chargée. Sylvelle était la fraîcheur même, comment faisait-elle, mystère. Et elle l’aimait malgré tous ses défauts, cela aussi il avait renoncé à se l’expliquer. Le matin parfois ils faisaient l’amour. Mais il se sentait gourd, avec le souvenir vague, non pas d’avoir trop bu la veille mais... quoi ? Le souvenir du souvenir d’avoir été ivre, ou le souvenir d’avoir pensé qu’il l’était. Il se redressa contre les oreillers, cela n’allait pas mieux. Il y avait eu un rêve... Il se leva, enfila ses pantoufles, la droite, la gauche, et se rendit dans la salle de bains.