jeudi 24 septembre 2020

Narcissus contrariata (4)

Il avait vraiment une sale gueule. Il se passa la main dans les cheveux, et ça y était : ça lui revenait, ça recommençait ! La main qui s’était levée n’était pas la bonne. Sylvelle ! appela-t-il, mais d’une voix blanche car ce qu’il apercevait dans le miroir, ce pli disgracieux de la bouche, ces rides sur le front, cette expression torve du regard, jamais il ne l’avait vu comme cela. Qu’elle n’entre pas, pensa-t-il aussitôt, heureusement elle ne l’avait pas entendu. Ce visage était une honte, plus il le regardait et plus il lui déplaisait, son âme noire mise à nu. Ses petites et grandes lâchetés, sa pusillanimité, ses mensonges, tout apparaissait au grand jour de l’éclairage de la salle de bains. Non, il ne fallait surtout pas qu’elle voie ça.