Tu pensais n’avoir qu’à te passer la main dans les cheveux
devant la glace, mais quelque chose ne va toujours pas, jusqu’où fermer les boutons,
combien de centimètres de col à laisser dépasser, et les manches, ne te font-elles
pas des mains de pingouin, et n’est-ce pas une tache, là, sur le revers ?
Des heures à se préparer, en profiter pour ranger un peu cette chambre, trier,
jeter par la fenêtre dans la benne à gravats que les ouvriers ont déposée dans
le jardin. Tes souvenirs sont des feuilles mortes, tu voudrais arriver sans te
sentir au bord de l’effondrement psychique, Oh, merci, merci, désolé, mais non,
je ne crois pas, vous croyez ? Attendez, ne vous inquiétez pas pour moi,
ça va, ça va aller, ça va très bien, j’ai juste besoin d’un verre d’eau, de
m’asseoir, de pleurer, de dormir… Elle demandera si cela ne te gêne pas d’être
vouvoyé, tu t’étonneras qu’elle marche si vite malgré ses talons. Mais
vouvoie-moi ! répondras-tu comme si tu l’en priais. Marie-Suzanne ne se
sera pas départie de son sourire, toujours empressée à rendre service et à voir
le bon côté des choses (d’ailleurs c’est elle qui observera qu’un des boutons
du bas de ta chemise est en décalage par rapport à sa boutonnière), elle
émettra un petit rire. Tu t’excuseras et tu chercheras de toute urgence un
endroit où t’isoler.