Un
hameçon planté dans ta lippe, d’accord tu es plus vif mais peut-être pas pour
longtemps. Faut voir. On ne sait jamais. On a le fort soupçon d’être
inexorablement tiré vers l’épuisette mais on se débat encore. Et au fond,
qu’est-ce qui a changé ? Un raccourcissement d’espérance de vie mais dans
quelle proportion, selon quelles valeurs absolues ? Auparavant tu tournais
en rond dans ton lac, business as usual. Tu
ressentais une démangeaison ici ou là, tu donnais des coups de nageoires. Ton
métabolisme routinier épargnait tes dépenses de vivacité.
Rien vu venir mais tu as très mal à la tête, ça te lance. Tu as peur, tu t'agites en tout sens
dans l’espoir de te débarrasser du sentiment de la fin. Et puis tu te calmes. Tu t’assieds
bien gentiment, souris, poses des questions, n’écoutes pas les réponses. Tu
t’en fiches un peu, tu cherches juste à capter de la substance vitale avant
de repartir comme un voleur. Ensuite tu as honte, bien entendu. Tu te repasses
le film, comprendre ce qu’il s’est passé, ce qui aurait pu se passer
différemment. Tu présentes tes excuses. Peut-être
avais-tu besoin de réconfort ?