mardi 27 avril 2021

Une tête de déterrée

16 janvier 2020

(20/n)

Lætitia  est arrivée en tirant une tête de déterrée, Qu’est-ce qui se passe ? Rien, elle se met tout de suite au travail, il y a un inventaire à vérifier et un petit flot de clients qui se succèdent. Elle ne s’énerve pas face à un raseur hautain revenu pour qu’on le rembourse. Le milieu d’après-midi est une période creuse, Je vois bien qu’il y a un souci, je peux t’aider ? Elle hésite puis lui montre des traces de piqûres sur son avant-bras et sur son cou, il s’approche, incertain, ne voit pas grand-chose à part une rougeur irritée, respire une odeur de peau troublante, Cela fait deux nuits que ça me gratte, je suis sûre que c’est des punaises, ma mère va me tuer. Elle lui ouvre des pages sur son smartphone tout en lui décrivant un scénario catastrophe à base d’infestation massive, d’insecticides hors de prix et de dizaines de sacs poubelle hermétiques. Il tente de relativiser, tout en s’éloignant d’elle autant que le permet la consultation d’un même écran de poche. La question n’est pas d’être ou de n’être pas Jésus. Un peu plus celle de donner et de recevoir. Sa chambre à lui, minable sous les toits, est probablement insalubre même si l’on y gagne en temps consacré au ménage. Il a vu des cafards, souvent, se carapater dans le couloir de l’étage la nuit quand il allait aux toilettes. La question est davantage celle des accomplissements en attente. Tu es sûre que ce ne sont pas des puces ou une sorte d’eczéma ?