mercredi 19 février 2020

aucune de ces larmes que tu verses, plus jamais


19 mai

Aucune de ces larmes que tu verses plus jamais ne l’attendrira. À présent c’est la haine. Bientôt on ne saura plus pourquoi, ni qui a commencé. N’était-ce pas elle qui pleurait et toi qui la regardais, impavide ? Elle qui osait n’être plus l’objet de ton amour ? Dans les montagnes, autrefois parcourues l’esprit et le corps léger, s’aventurent à présent d’exténués rescapés. Leur peau est plus sombre que la tienne et ils portent de mauvaises chaussures aux semelles élimées. Ils se cachent ; à leurs enfants, s’ils survivent, ils raconteront leur rencontre avec un cerf aussi surpris qu’eux. Il s’était figé, la tête à demi tournée, de son corps émanait une lumière argentée, ils pouvaient distinguer les cils de ses yeux, avaient su alors qu’il était un fantôme. Et leurs enfants se blottiront entre leurs bras. Le désordre, on ne le tolère que dans les histoires. Si je ne t’aime plus, tu dois cesser de m’aimer. Mais vus du ciel nous sommes pareils aux fourmis, soumis à la mécanique des fluides, allant de-ci de-là en évitant les heurts (ou en intégrant les heurts à un dessein qui n’est pas lui-même exempt de fluidité). Ainsi nous compensons. Les fous que nous haïssons sont avalés ou relégués à nos frontières. Ils nous alertent en vain. Nous ne les écoutons pas ainsi qu’un cerf écoute les oiseaux. Et oui, nous mourrons.