22 mai
Parfois
tu sors dans les rues de ta ville, tu regardes les gens et tu ne croises
personne que tu aurais envie d’aimer. Est-ce le problème de ta ville ou le
tien ? Tu penses alors que l’humanité tout entière mériterait d’être
anéantie, malheureusement il y aurait des dégâts collatéraux.
Tu y
repenses : ton raisonnement comporte des failles malgré son apparente
implacabilité. D’abord tu aimerais bien être toujours sur Terre, une fois
celle-ci débarrassée des hommes. Et tant qu’à faire il y aurait au moins quelques
spécimen d’humanité – en plus de toi – dont tu serais heureux qu’ils aient
survécu. À l’opposé, le contre-argument des dégâts collatéraux ne tient pas –
comme s’ils pouvaient être pires que les dégâts directs qu’inflige
l’humanité à son biotope !
Dans
d’autres villes tu te souviens, il y avait d’autres gens, aux regards plus
avenants. Dans d’autres circonstances. Parfois tu ne te soucies plus que les gens
soient comme ils sont, c’est leur problème, toi tu es amoureux. Sacré
Binh-Dû ! Toi qui revendiques le désordre, contre toutes les injustices, à
quel ordre rattacher ton état amoureux ? Esthétique, éthique, partial, divin, un
peu de tout cela ? Peu importe, parfois tu erres dans ta ville. Où ton humanité
laisse à désirer.