lundi 17 février 2020

quitter la niche sur des ailes de pierre


17 mai

La fête a toujours représenté pour toi une notion étrangère. (Cela trahit-il un tempérament ombrageux ?) Tu ne la conçois qu’intime ou anonyme. (Est-ce une contradiction ou simplement le reflet de ta gêne au sein d’un petit groupe ?) Tu les vois, toi inclus : la plupart de leurs actions sont des compensations. Mais ce que tu as fait pour moi – ce cadeau –, que tu m’offris avec la mélancolie des vies que nous ne vivons pas ensemble, reflète mon chagrin. Longtemps j’ai rêvé que je te retrouvais subrepticement. Nous allions en un dangereux partage. La cathédrale a été restaurée, on vend par dizaines des cartes postales de l’ange. Il s’agit de s’extraire, quitter la niche sur des ailes de pierre. Il s’agit de laisser du champ au petit comité, plutôt. Soi, de prendre de la distance. Affleurer l’errance, éternel souvenir. Les fleurs de paulownia embaument, mais poissent les doigts. Au théâtre, une gélatine a brûlé, ça sent l’atténuation de teinte. Ça mène à l’amalgame, ainsi que les petits cadeaux non obligatoires d’avant la première. Les vies des autres qu’on n’envie pas, mais quand même, un peu, attendre un deuxième enfant, acheter une porte en bois sur Internet, enchaîner les engagements loin du frigo où fermente une bouteille de lait. Avoir décidé d’un avenir commun, être joyeux encore et confiants, dans une certaine démesure. Ce n’est que cela et c’est presque fini. Les spectateurs montent dans les gradins, ça va commencer. C’est bientôt la fin. C’était bien. (Et puis on fait durer la nuit, rétifs à se quitter, peut-être, à moins que ce ne soit que toi.)