17 mai
La fête a toujours représenté pour toi une notion étrangère.
(Cela trahit-il un tempérament ombrageux ?) Tu ne la conçois qu’intime ou
anonyme. (Est-ce une contradiction ou simplement le reflet de ta gêne au
sein d’un petit groupe ?) Tu les vois, toi inclus : la plupart de leurs
actions sont des compensations. Mais ce
que tu as fait pour moi – ce cadeau –, que tu m’offris avec la mélancolie des
vies que nous ne vivons pas ensemble, reflète mon chagrin. Longtemps j’ai rêvé
que je te retrouvais subrepticement. Nous allions en un dangereux partage. La
cathédrale a été restaurée, on vend par dizaines des cartes postales de l’ange.
Il s’agit de s’extraire, quitter la niche sur des ailes de pierre. Il s’agit de
laisser du champ au petit comité, plutôt. Soi, de prendre de la distance.
Affleurer l’errance, éternel souvenir. Les fleurs de paulownia embaument, mais
poissent les doigts. Au théâtre, une gélatine a brûlé, ça sent l’atténuation de
teinte. Ça mène à l’amalgame, ainsi que les petits cadeaux non obligatoires
d’avant la première. Les vies des autres qu’on n’envie pas, mais quand même, un
peu, attendre un deuxième enfant, acheter une porte en bois sur Internet, enchaîner
les engagements loin du frigo où fermente une bouteille de lait. Avoir décidé
d’un avenir commun, être joyeux encore et confiants, dans une certaine
démesure. Ce n’est que cela et c’est presque fini. Les spectateurs montent dans
les gradins, ça va commencer. C’est bientôt la fin. C’était bien. (Et puis on
fait durer la nuit, rétifs à se quitter, peut-être, à moins que ce ne soit que
toi.)