mardi 18 février 2020

tu as cessé, tu ne sais quand, de sourire trop


18 mai

         Une Japonaise a pris place dans le sens inverse de la marche, te laissant l’avancée vaste dans le paysage. Tu as cessé, tu ne sais quand, de sourire trop – tes zygomatiques doivent savoir. Au retour, c’est systématique, les contrôleurs ne viennent pas vérifier les billets, comme si la Grande Ville était une nasse où l’on était invité à mourir.
         Des escadrons de CRS sécurisent une kermesse internationale de la boulange, tu maugrées. Non loin de la Cathédrale. Peut-être ne bloquent-ils la rue que pour nous protéger des effluves de plomb fondu ? Les vitraux, paraît-il, sont noircis par la fumée. Peut-être peux-tu demander ton chemin gentiment à un policier au ventre vide ?
         Un rabatteur africain devant une boutique de coiffure tentait bien sa chance auprès d’un homme chauve. En quittant la gare tu marchais comme si tu revenais de Chine à l’insu de tous les passants immobiles, comme s’il y avait lieu d’en être fier. Comme si les routes interdites de la migration n’étaient pas jonchées de cadavres.