Quand
vous allez là-bas, il y a un panneau qui vous accueille à l’entrée. C’est un
panneau spécial, monsieur. Je n’ai jamais vu un panneau comme ça ailleurs.
C’est un panneau que vous voyez dès que vous arrivez en bas de la petite
colline, au bout de la route de Douala, après le Mile Quatre. Il est au-dessus
de votre tête, personne ne peut le rater. Et on lit là, en grosses lettres,
entre deux poteaux rouges en métal plantés des deux côtés de la route :
« Bienvenue à Limbé, ville de l’amitié ». Quand vous voyez ce
panneau, monsieur, ah ! Vous pouvez être n’importe qui, venir à Limbé pour
une nuit ou pour dix ans, être gros ou petit, vous êtes heureux d’être arrivé
là. Vous sentez le souffle de l’océan qui parcourt des kilomètres pour venir
vous saluer. Ce souffle est si doux. Et là, vraiment, vous avez l’impression
que cette ville près de l’océan que l’on appelle Limbé est unique au monde. (…)
Ensuite, une fois que vous avez dépassé le panneau de bienvenue, monsieur,
quand vous arrivez au Mile Deux, vous voyez les lumières de la ville qui
brillent la nuit sur l’océan. Ces lumières ne sont ni trop vives ni trop
nombreuses. Elles sont juste comme il faut pour vous faire dire que vous avez
sous les yeux une ville de magie, une ville de l’OPEP, avec sur une de ses
rives la raffinerie nationale, et sur son autre rive des pêcheurs avec leurs
filets. Ensuite, quand vous arrivez au Mile Un, là, monsieur, vous commencez à
ressentir Limbé… C’est quelque chose, monsieur.
Imbolo
Mbue (Voici venir les rêveurs)