mercredi 23 octobre 2019

23 janvier


        Ce jour où il ne sera plus raisonnable d’envisager que tu remportes le tournoi de Wimbledon. Même en double, même en vétéran. Déjà que tu n’as jamais réussi un service autrement qu’à la cuillère. Jusqu’alors tu te flattais de n’appartenir à aucune catégorie (tu t’en plaignais aussi).
        Le jeu du dedans-dehors, tu connais bien, le cri de la faute t’autorise à monter dans les aigus, par la bande du filet tu vois l’intercession d’un dieu. Et ainsi rêvais-tu d’amours impossibles. Où tu n’étais pas toi-même, sans être tout à fait un autre, où tu étais le meilleur.
        À vrai dire, tu te débrouillais mieux au ping-pong. Mais qui rêve de devenir champion de tennis de table ? Tu aimais la victoire mais ce n’était pas si important, l’important résidait dans le dessin de trajectoires. Tu aimais les courbes et la confirmation du rebond.
        Tu aimais les seins des filles. Tu te voulais champion du plaisir dispensé. Toutes les histoires que tu imaginais aboutissaient à une reconnaissance, éperdue. Tu prendrais place dans l’Olympe. Tu régnerais, indiscuté. Mais te voilà simple mortel ? Trahison ! Infamie ! Ô désespoir…