Les
gens sont attachés à leurs sentiments de culpabilité qui leur permettent de
conserver une illusion de pouvoir (« j’ai commis une faute, mais j’aurais
pu faire autrement »).
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Ivanov
est le type même du séducteur. (…) Quand il se dit coupable, il n’est pas du
tout en train d’assumer une culpabilité, au contraire. Quand il dit qu’il est
coupable, en fait il s’exempte de la culpabilité. Et il se met au centre de
l’action. Il le dit parce qu’il n’éprouve aucune culpabilité. (…) « Je
suis coupable » est la phrase parfaite, automatique et vide de
l’irresponsable ; c’est son alibi, son excuse. (…) C’est la phrase qui
définit celui qui a une compréhension extérieure, intellectuelle de la
culpabilité. Ce qu’il nous dit, c’est : « Je ne peux rien
faire ; je suis condamné à être un monstre ; cela fait partie de ma
nature, que je ne peux contrarier. » (…) Pour lui, ses actes sont
irrétractables. Et sais-tu pourquoi ? Parce qu’il n’accorde aucune réalité
à l’autre. Le monde entier se résume à lui seul, soit dans ses passions
nouvelles, soit dans le dégoût qui vient après, toujours. C’est comme s’il n’y
avait pas d’extériorité, tu vois ? C’est lui, et lui seulement. À un moment
ou à un autre, rien n’a plus d’intérêt, c’est évident. Aucun être ne peut
supporter autant de soi-même, à moins qu’il ne soit vraiment limité. Et, a
priori, il n’est pas bête.
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Je dus admettre que, pour les gens bêtes, la bêtise était divertissante. J'étais maintenant debout tout près de la vitre et combattais mon abattement. Apparemment, la vie était ainsi faite que les découvertes de ce calibre devaient se payer par une mélancolie privée.
Alice Miller (L'enfant sous terreur)
& Bernardo Carvalho (Sympathie pour le démon)
& Wilhelm Genazino (Un appartement, une femme, un roman)