26 décembre 2019
(...)
Ou non, ou
d’une façon trop dilettante. Que plane encore un peu l’évocation.
La boutique
n’en finit pas de fermer, elle reste ouverte pour un dernier client puis un
autre, qui semblent à peine moins désorientés que le vendeur. Personne ne
l’attend, dans la remise ne subsiste aucune trace d’un coït malaisé qui avait
eu néanmoins l’affriolante saveur de l’interdit – où tout cela a-t-il
disparu ?
Il rentre à pied.
Lydia est un prénom de substitution, c’est une
sonorité joyeuse dans la grisaille, comme si des arbres allaient émerger du
trottoir et s’ébrouer de toute la verdeur de leurs racines nouvelles, et ils
secoueraient leurs feuilles pour nous faire apprécier la pluie, et tu serais
héroïque mais doux. Tu es doux. La plupart du temps tu l’oublies, il te faut le
contact de ta main sur ta joue – comme si cette main caressait le visage d’une
Lydia assoupie – pour t’en souvenir. Mais il n’y a pas de mérite à être qui
l’on est. C’est juste une affaire de circonstances, la solution que chacun a
trouvé, très en amont de ce jour-ci, pour se dépatouiller de ses souffrances.
Pas de mérite à être héroïque, tous les héros vous le diront. Seuls les salauds
croient avoir le mérite de leur saloperie.
Dans l’escalier qui mène à son
studio du septième étage, le vendeur n’est plus qu’un locataire qui dira Bonsoir
s’il croise quelqu’un.
Il est arrivé sans encombre.
De même perçoit-il
l’avenir.
(à suivre)