25
décembre 2019
Tu peux ressasser, extraire du passé réel ou fabulé des images, des intensités, des sentiments vibrants, cette résonance dont tu aimes tant signaler l’intuition – et partant ta sensibilité –, tu peux substituer des virgules aux points finaux et relier toutes les histoires de tous les livres – cet homme a aimé deux fois en plongeant dans la rivière, cette femme est morte d’avoir mal évalué le champ de sa vengeance, et dans cette ville on ignore ses voisins –, tu peux comme chaque jour baisser la tête plutôt que de la lever vers un ciel uniforme – la nuit conseille l’hibernation aux craintifs et aux affligés –, tu peux confondre tous les prénoms et en inventer de nouveaux qui t’évoquent des fleurs, tu peux retrouver dans un regard un regard qui jamais ne s’est posé sur toi, tu peux refuser de te plaindre aussi – et voir dans le palmier qui évente la pollution sur la corniche une satisfaisante imitation de l’arbre –, tu peux lancer des appels dans l’espace bien qu’il te manque accréditation et mot de passe, tu peux rêver bien sûr – et au son de ta propre voix t’enivrer –, tu peux boire un fond de bouteille qui ne s’est pas encore évaporé, tu peux fermer la boutique et revenir demain – et peut-être voudras-tu alors parler de Lydia.
(à suivre...)