29
février 2020
Et la juste distance serait celle de la danse. Lucia dans tes bras, virevoltante, et toi-même, comme indiqué, tu "patines". Jusqu’à l’étourdissement, changer de sens, elle ferait l’homme et toi la femme. Qu’était-ce, une scottish ? Tu ne sais plus, tu te trompes dans tes pieds si tu dois concentrer ton attention sur tes bras, décrivant des spires d’escargot, en avant, en arrière, auriculaires crochetés dans ceux de tes voisins sur le cercle circassien – et il faudrait chanter aussi ? Dans la bourrée on se chamboule à chaque croisement, tu entends Lucia rire à deux lignes de toi, tu ris aussi et transpires sous la yourte. La mazurka est si jolie qu’on la dansera une autre fois. Retour à la polka, mais tu n’as plus toute ta tête, tu t’endiables en scottish et en total contretemps, Lucia ne t’en tient pas rigueur. Au-dehors, le croissant de lune est presque couché à l’horizontale, voilé de nuages intermittents. La pluie en rafales s’immisce par l’interstice de la vitre côté passager, excuse-moi c’est bloqué, mais il n’y a pas de mal, avec le GPS vocal une voix féminine à fort accent québécois nous guide à travers la campagne val-de-marnaise. On ne sait jamais, dit-elle (Lucia), il y a toujours lieu de requestionner nos expériences. Il n’y a jamais lieu de figer une connaissance. La première fois que vous avez dansé (même pas ensemble mais) à proximité l’un de l’autre, des dizaines de lunes auparavant, c’était sur de la techno.