3 mars 2020
Il se pourrait tellement de choses, tout le temps. Tu sembles invisible aux cellules photoélectriques supposées permettre l’ouverture des portes, il faut que tu sautilles d’un pied sur l’autre et fasses des grands gestes de la main à l’attention de personne. Déjà que tu ne trouvais pas l’entrée, obstruée par un chantier de travaux publics tentaculaires, un ouvrier pourtant t’avait fait signe de contourner par un côté et par-dessus le tintamarre des engins. Une fois à l’intérieur tu montes au quatrième en suivant les pictogrammes, au guichet on t’informe qu’en fait tu dois redescendre au deuxième. Tu ne comprends rien à ce qu’on te raconte, une logique de réservations impossibles à effectuer tant qu’il y a des disponibilités ( ?), tu en avais conclus que la plus pragmatique des décisions consistait à te déplacer. Et puis les ordinateurs tombent en panne, tout juste tu t’approches d’un. Le réseau a sauté et tu restes interdit, un bras tendu vers le clavier, comme si tout était de ta faute. Heureusement il t’est encore permis de sortir, dans l’autre sens les cellules t’ont reconnu. Une amie te téléphone, un peu perdue elle aussi, dans des affres créatives, il y a elle et puis le personnage qu’elle voudrait créer et puis celui que son personnage imagine… Tu la rassures, elle est sur la bonne voie, et tu l’encourages à brouiller davantage encore les pistes. Une autre amie surgit, elle tu la connais moins et elle s’étonne de ce que tu te révèles plus dur, amer, rugueux et ironique qu’elle ne pensait. Haineux même, eh, oh, ça va bien ? Mais au fond tu lui donnes raison, et tu te réjouis de la découvrir plus douce, attentionnée, sensible, généreuse que tu n’avais cru. Quelques gouttes de pluie tombent sur le trajet qui te ramène chez toi, cela s’interrompt alors que tu n’es même pas arrivé. Et cela ne se déchaîne pas en tornade une fois que tu es à l’abri, décidément on ne peut se fier à aucune cohérence.