27
décembre 2019
Il se dit qu’un jour, probablement ce sera durant la période des fêtes quand les bourgeois des étages desservis par l’ascenseur seront partis faire des feux de bois dans leur résidence secondaire, entre Noël et le Nouvel An disons, et pourvu qu’il n’y ait pas de grèves qui les ait retenus à Paris, mais pourquoi se soucier d’eux puisqu’ils n’empruntent jamais l’escalier de service, la gêne proviendrait plutôt des autres exilés du septième étage qui le regardent par en-dessous comme s’il était susceptible de les dénoncer aux agents de l’immigration alors que pas du tout, jamais de la vie, j’aime vos odeurs de cuisine et les sons de pays inconnus affluant dans vos paraboles, c’est juste que je ne suis pas très sociable par nature et que je crains que vous n’interprétiez mal ma façon de me coller au mur quand nous nous croisons et que je serre dans mes bras deux briques de jus de fruits bios qui ne tiennent pas dans mon sac à dos... Un jour donc, ce ne sera pas l’été, il fera plutôt froid parce que ce serait bon de se réchauffer le sang, un jour donc s’il en éprouve l’impulsion, il essaiera de battre un premier record dans l’escalier, il pense qu’il pourrait tenir vingt bonnes minutes pour commencer, soit au moins cinq allers et retours, trente-cinq étages en montée et autant en descente, 770 marches multipliées par deux, en fait le calcul est un peu décevant, il s’agirait de recommencer un jour suivant, plus vite ou plus longtemps… À la fin il se sentirait fort, et de nouvelles perspectives s’offriraient peut-être à lui.