15 juin
Au balcon tu fais les cent pas, près de la régie. Sur l’estrade, en contrebas, un énarque plaide sa bonne foi, son cœur généreux et sa grande modestie, tu fulmines. Car tu le connais mieux qu’il ne se connaît lui-même, tu sais sa duplicité et l’étendue des crapuleries commises. Tu sais les conséquences qu’il nie, cet homme si préoccupé de son « humanisme » a directement contribué à ruiner des vies déjà en souffrance. Et le voilà qui s’applique à séduire l’auditoire, qui se masturbe sur sa propre image. Vas-tu l’interpeller soudain, faire scandale ?
Au balcon tu fais les cent pas, près de la régie. Sur l’estrade, en contrebas, un énarque plaide sa bonne foi, son cœur généreux et sa grande modestie, tu fulmines. Car tu le connais mieux qu’il ne se connaît lui-même, tu sais sa duplicité et l’étendue des crapuleries commises. Tu sais les conséquences qu’il nie, cet homme si préoccupé de son « humanisme » a directement contribué à ruiner des vies déjà en souffrance. Et le voilà qui s’applique à séduire l’auditoire, qui se masturbe sur sa propre image. Vas-tu l’interpeller soudain, faire scandale ?
Non, tu
te rassois, tu n’es pas venu pour ça, tu es venu pour la romancière qui lui
succède et lui serre la main au passage, elle non plus n’est pas venue pour la
guerre. Elle, mieux que toi, sait contenir sa colère. De même l’amie que tu
retrouves dans un parc où des comédiens sortent pelles et brouette pour conter un
état du monde désastreux. Vous riez et ce n’est pas par sophisme, vous pleurez
et ce n’est pas résignation. Vous partagez des espérances résiduelles et la
vibration de l’instant, autour d’un vin chaud. Mais je voulais parler de Charlotte…