vendredi 13 mars 2020

"Je ne suis pas facilement physionomiste"


13 juin

À quoi rime une journée. Particulière, un peu plus, un peu moins. Les efforts pour ne pas se sentir seul, préparer un repas, parler avec des inconnus de passage. Interchangeables, c’est l’espèce humaine. « Je ne suis pas facilement physionomiste », avoue-t-il, Moi non plus, pense Binh-Dû, saisi d’une vague tristesse. Une même condition. Du cloître de l’abbaye les murs sont effondrés, donnant à l’est sur une prairie. Au plafond, des ouvriers ont imprimé leur marque, Aristide, Alphonse, Eugène, Auguste, Louis, Hyppolite… Aloyse, Léonie, il y a un siècle et demi. Le tas de déjections, balayé la veille, sous le nid d’hirondelles est presque reconstitué. On se prend d’affection pour une plante en plastique, on l’élève vers le soleil, on lui adjoint un parapluie d’où s’échappent les tiges les plus hautes. La pluie tombe, cesse, retombe, les nuages prennent des formes étranges, attention à ne pas marcher sur les limaces orange dans le sous-bois. Le chant des oiseaux garde la forêt en vie. D’un bleu irréel – d’outremer – les libellules volettent par deux. Ce nuage-ci a l’allure d’un cochon cruel. Tu t’évertues en vain à faire craquer dans le bon sens ton bassin. Tu rêves la bouche ouverte d’une perfection d’amour impromptu. Ton amie t’apprend à ouvrir un avocat dans le sens de la largeur (davantage de profondeur pour y presser un citron tranché à l’identique). Mais je voulais parler de Charlotte…