18 juin
Toute
cette pompe – funèbre. Ces paroles lénifiantes, acidulées, respectueuses d’une
immémoriale tradition de mensonges. Ces airs contrits, obligés, tellement
dociles. Irréprochables. Mais ôtez-vous de là avec vos condoléances surfaites,
vos embrassades affectées, bas les pattes ! Tous ces sentiments mesquins,
ces larmes égoïstes, cet entre-soi pusillanime. Ces rituels grotesques – et
voilà que deux pingouins s’avancent, chacun une visseuse électrique à la main.
On regarde clore le couvercle, zzzzz, avec un petit frisson empathique.
Un
sentiment vrai, ça se cache ou ça hurle. Mais d’où sors-tu une telle
affirmation, te demande-t-on, peiné. De la place du mort ! Mais je voulais plutôt parler de Charlotte. Un
soir elle ne tenait plus sur ses jambes, un teufeur sobre a proposé de la
raccompagner en voiture. Elle souriait, riait de son élocution relâchée, elle a
proposé de trouver un bar sympa, voire une porte cochère afin de baiser un petit coup,
vite fait. Quand elle a compris qu’il se garait dans sa rue, elle s’est
débattue en donnant des coups de poings sanglants sur la vitre.