lundi 16 mars 2020

elle ne sait jamais si le portique de sécurité va sonner


16 juin

Elle ne sait jamais si le portique de sécurité va sonner (pourtant elle devrait s’en douter, depuis le temps !), plus exactement elle ne sait jamais à l’avance ce qu’elle va trouver dans son sac. Cette fois c’est un agenda soldé, et le livre d’un auteur qu’elle ne lirait pour rien au monde, c’est absurde, presque honteux, comment imaginer qu’elle ait voulu voler une telle daube ? Le vigile ne partage pas son hilarité, alors elle insiste, essaie de lui concéder qu’après tout, ça pourrait se comprendre si son intention était de soustraire à l’achat un bouquin susceptible de contaminer des lecteurs innocents, mais alors il y aurait du boulot, hein, ce seraient les écuries d’Augias ! Le vigile n’a pas l’air de comprendre. Pourtant cet auteur, là, il nous méprise tous les deux, il faut que vous le sachiez, on est du même côté vous et moi, et lui c’est l’ennemi. Montrez-moi votre ticket de caisse, mademoiselle. Décidément, il ne comprend pas... C’est un autre livre qu’elle était venue chercher, et il ne se trouve pas dans son sac, pourquoi cette substitution ? Elle se souvient qu’elle a payé avec un billet de dix et qu’on lui a rendu des pièces, elle était étonnée que ce soit si peu cher. Sans doute à cause de la démarque sur l’agenda, là ce serait cohérent. Mais elle n’a aucun besoin d’un agenda en juin, ce qu’elle voulait c’était cet autre roman qu’elle ne trouve pas. Charlotte protestera si bien qu’elle ne paiera pas le livre infâme mais celui qu’elle désirait à la place – et qui était plus cher ; en revanche, on ne lui reprendra pas l’agenda.