L’âme,
les sentiments sont informes, autrement dit il ne faut pas s’attendre à pouvoir
les délimiter avec le langage. S’y risquer, c’est s’enliser dans des
clichés : des cadres de taille unique – qui en réalité ne conviennent
absolument à personne. Au mieux, on pourrait disposer une couverture en plis
harmonieux, tisser une toile de mots dans l’espoir qu’y reste un jour accrochée
une part de nos sentiments.
Lieke
Marsman (in Le contraire d’une personne)
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Quand
j’entre somnambule
Dans
ta chambre et te prends dans mes bras
Et
te tiens au clair de lune, tu t’accroches à moi
Fort,
Comme
si le fait de s’accrocher pouvait nous sauver. Je pense que tu penses
Que
je ne mourrai jamais, je pense que j’exsude
Pour
toi la permanence de la fumée ou des étoiles,
Alors
même que
Mes
bras brisés se guérissent en t’enlaçant.
Galway
Kinnell (cité par Valeria Luiselli in Archives des enfants perdus)