19 juin
Tu
sirotes un cassis régressif. Les duellistes au marteau sur le chantier voisin
ne sont plus qu’un – leur mur s’érige d’un seul bloc des deux côtés. On
redescend ? Sinon il faudrait encore parler du tiroir mal graissé à la
morgue et de l’employé pas pompeux pour un sou manipulant avec dégoût un drap
de sommeil éternel. Charlotte va bien, je
veux encore parler d’elle.
Le type
l’a soutenue jusqu’à son lit, a disposé à portée de main une bassine en
plastique, et il a veillé sur son coma. Enfin, c’est ce qu’elle en a déduit
quand elle s’est réveillée en milieu d’après-midi, seule et avec une énorme
envie de faire pipi. Dans le congélo restait un fond de vodka. L’épicier du
quartier l’a saluée d’un « Bonjour princesse ! » et elle a ri,
comme toujours.
Binh-Dû quant
à lui rêve d’une femme mariée qu’il a beaucoup aimée, le mari regarde ailleurs,
à quelques rangées de distance en contrebas. « Je t’aime », ne peut
s’empêcher de murmurer Binh-Dû, et sur le moment il le pense vraiment, elle se
trouble et le quitte. Mais ils se sont embrassés, non, à moins qu’il n’ait
rêvé ? Il se réveille en sursaut.
Un jour
encore, ne sera pas de trop. Sur le dos, les os replacés dans leurs encoches,
ça craque. Un jour il n’y aura plus de violence, de solitude ni de tristesse.
Un jour il n’y aura plus de souvenirs abrupts mais un supplément de vie
au-devant de soi. Un jour, et ce ne sera pas la mort envisagée comme une
glorieuse étape. La maison aux murs érigés sera habitée.