jeudi 19 mars 2020

tu sirotes un cassis régressif


19 juin

           Tu sirotes un cassis régressif. Les duellistes au marteau sur le chantier voisin ne sont plus qu’un – leur mur s’érige d’un seul bloc des deux côtés. On redescend ? Sinon il faudrait encore parler du tiroir mal graissé à la morgue et de l’employé pas pompeux pour un sou manipulant avec dégoût un drap de sommeil éternel. Charlotte va bien, je veux encore parler d’elle.
           Le type l’a soutenue jusqu’à son lit, a disposé à portée de main une bassine en plastique, et il a veillé sur son coma. Enfin, c’est ce qu’elle en a déduit quand elle s’est réveillée en milieu d’après-midi, seule et avec une énorme envie de faire pipi. Dans le congélo restait un fond de vodka. L’épicier du quartier l’a saluée d’un « Bonjour princesse ! » et elle a ri, comme toujours.
           Binh-Dû quant à lui rêve d’une femme mariée qu’il a beaucoup aimée, le mari regarde ailleurs, à quelques rangées de distance en contrebas. « Je t’aime », ne peut s’empêcher de murmurer Binh-Dû, et sur le moment il le pense vraiment, elle se trouble et le quitte. Mais ils se sont embrassés, non, à moins qu’il n’ait rêvé ? Il se réveille en sursaut.
           Un jour encore, ne sera pas de trop. Sur le dos, les os replacés dans leurs encoches, ça craque. Un jour il n’y aura plus de violence, de solitude ni de tristesse. Un jour il n’y aura plus de souvenirs abrupts mais un supplément de vie au-devant de soi. Un jour, et ce ne sera pas la mort envisagée comme une glorieuse étape. La maison aux murs érigés sera habitée.