mardi 17 mars 2020

il y a de la colère, non ?


17 juin

           Il y a de la colère, non ? Cette femme qui a connu l’exil n’en finit pas de devoir se battre, faisant des projets, un mariage, son chemin. Elle porte des bagues sur toute sa dentition suite à une opération de la mâchoire qui a mal tourné, elle en a encore pour six mois – il y avait du biais dans la symétrie de son crâne. Se dispenser de l’opération eût été dangereux pour son cœur, le sang prompt à s’empoisonner. Malgré les bagues, les migraines ne diminuent pas, ni le courage. Elle en rit, commande un panaché, vérifie l’heure avant d’aller chercher les enfants à la crèche.
           Les Africains guettent les flics qui voudraient confisquer leurs tours Eiffel. Quelques touristes achètent. Comme tu vis tu meurs, et la colère est en lisière. Tu iras à l’enterrement de ton père et tu feras des efforts surhumains pour ne pas cracher sur les paroles du prêtre. Devant la tombe, l’onction d’hypocrisie tu ne la supporteras plus, Rentrez chez vous, reprenez vos gerbes ! On essaiera de te contenir, de t’emmener à l’écart, tu frapperas, Assassins, minables, collabos ! Tu les chasseras, avec leur chagrin. Mais c’est de Charlotte que je voulais continuer à parler…