samedi 21 mars 2020

mais comment à quiconque reprocher un manque...

21 juin

           Mais comment à quiconque reprocher son manque d’imagination ? Le perpétrateur est la victime. S’aviserait-il de l’un seulement de ces rôles qu’il en concevrait la tentation de mourir. Or cela nous ne le souhaitons pas, aussi prétentieux soyons-nous.
           Binh-Dû s’aventure dans un rêve périurbain, un sentier sablonneux bordé d’arbres secs le mène à un talus derrière lequel s’étend un paysage horriblement raclé par des engins de terrassement. Il en a les os transis. Il râle, il ennuie son amie.
           Qui s’en va regarder ailleurs. Peut-être dénichera-t-elle à l’oreille un oiseau, dans ce qu’il reste de forêt ? Son sourire d’enfant contenait déjà la tristesse de celle qui a tout compris de la mort et de la vie. Sa joie consistait à choisir et à toujours espérer.

           Je n’en dirais pas autant de Charlotte. Elle donne comme on se noie, elle se sent heureuse à en mourir, sans larmes, terrorisée. Dans la rue elle avance à grands pas, un léger sourire aux lèvres, on la croirait invulnérable. Elle cherche un bon interlocuteur, qui la comprendrait. Elle cherche aussi à n’être pas comprise, ça la rassure et la désole. Elle te regarde.