21 juin
Mais
comment à quiconque reprocher son manque d’imagination ? Le perpétrateur
est la victime. S’aviserait-il de l’un seulement de ces rôles qu’il en
concevrait la tentation de mourir. Or cela nous ne le souhaitons pas, aussi
prétentieux soyons-nous.
Binh-Dû
s’aventure dans un rêve périurbain, un sentier sablonneux bordé d’arbres secs
le mène à un talus derrière lequel s’étend un paysage horriblement raclé par
des engins de terrassement. Il en a les os transis. Il râle, il ennuie son
amie.
Qui s’en
va regarder ailleurs. Peut-être dénichera-t-elle à l’oreille un oiseau, dans ce
qu’il reste de forêt ? Son sourire d’enfant contenait déjà la tristesse de
celle qui a tout compris de la mort et de la vie. Sa joie consistait à choisir
et à toujours espérer.
Je n’en dirais pas autant de Charlotte. Elle donne
comme on se noie, elle se sent heureuse à en mourir, sans larmes, terrorisée.
Dans la rue elle avance à grands pas, un léger sourire aux lèvres, on la
croirait invulnérable. Elle cherche un bon interlocuteur, qui la comprendrait.
Elle cherche aussi à n’être pas comprise, ça la rassure et la désole. Elle te regarde.