Mais tu
as toujours préféré te taire. C’est ainsi que Binh-Dû écrit. Chanter, tu aimais
bien aussi, manger tu aimes de même. Quant à embrasser ou ne pas, c’est un
regret sans fin. Une satiété vouée à se refuser. Le chagrin est un aiguillon
qui ôte au rêveur sa lucidité.
Il est
seul et soi, s’imagine-t-il, et en même temps on le regarde. On l’apprécie à
juste titre, ses gestes sont gracieux et ses pensées subtiles. Il est drôle,
qu’est-ce qu’on rit ! Ce serait dommage d’en perdre une miette, avis aux
générations futures.
Mais la
vie n’est pas une course de relais (heureusement, car la métaphore est d’une
pauvreté à pleurer). Ce que tu voudrais prendre, c’est la tangente. Qu’ils se
débrouillent sans toi ! Et sans Binh-Dû à plus forte raison. Laisser
place nette, voilà un acte.
Si le
désespoir est un espace, tout espace pue le désespoir. Un lien de causalité
n’est pas nécessaire (il serait même factice), en revanche une fraternité se
dessine avec les pires salopards : dans ton espace défini, tu ne te
soucierais que de jouir.