Tu
t’imagines avoir découvert le secret d’un bon dialogue : l’un des
protagonistes ne sait pas donner et l’autre ne sait pas recevoir. Il y a plus
d’habileté à être sourd. Tu réfléchis à la façon dont pourrait évoluer une
telle situation – les rôles s’inverseraient jusqu’à confusion des identités
prises dans un siphon infernal. Mais est-ce bien ce que tu désires
raconter ? Ne l’as-tu pas déjà raconté mille fois, à l’instar de quelqu’un
qui s’obstinerait à réitérer ce qu’il ne comprend pas ? Et d’abord, que
fais-tu encore par ici ?
Binh-Dû
anticipe l’avenir qui se rapproche de jour en jour. La neige tombe comme un
adieu. Il s’égare dans une ville inconnue, le contrôleur du funiculaire le
remet sur le droit chemin, de sa fille Binh-Dû pourrait tomber amoureux.
Rêve-t-on d’avoir pour beau-papa le contrôleur du funiculaire ? Les rues
sont courbes, un encouragement à se perdre. Ou plutôt à se vivre page
blanche : non pas confirmé par l’échec mais offert au
renouvellement ? Saisi de frissons mais néanmoins confiant, il secoue de
son bonnet la poussière.