mercredi 6 mars 2019

6 mars


                Dans la maison tu peux traîner sans gêne excessive ta cheville foulée. L’argile séchée s’effrite harmonieusement sur les marches de l’escalier en bois. Tu te hisses aux barreaux. Tu joues de tes abdominaux. Tu prends appui sur les meubles mieux que s’il s’agissait de chevaux d’arçon. Tu as même le droit d’entrer à moitié nu dans une pièce où cinq femmes prennent le thé, Je vous prie de m’excusez, faites comme si je n’étais pas là, et de farfouiller dans le tiroir d’une commode à la recherche de... quoi ? Que cherches-tu dont tu aurais besoin, déjà ?
                Les mimosas sauvages sont en pleine floraison, à croquer. Binh-Dû se souvient du grain de sucre jaune qui décorait les gâteaux au chocolat de son enfance. Dans la caravane, il n’y a pas de four. Six paires de bottes maculées sont avachies sur le seuil. C’est beaucoup. Pour l’instant il est seul. Pas même un chien pour garder le champ, ni chèvre, ni poules. S’il se tient immobile il ne souffrira pas du froid, s’il remue un sourcil cela deviendra problématique, s’il sortait marcher un moment par les chemins détrempés il se réchaufferait. Serait-ce le soleil ?