Dans la
maison tu peux traîner sans gêne excessive ta cheville foulée. L’argile séchée
s’effrite harmonieusement sur les marches de l’escalier en bois. Tu te hisses
aux barreaux. Tu joues de tes abdominaux. Tu prends appui sur les meubles mieux
que s’il s’agissait de chevaux d’arçon. Tu as même le droit d’entrer à moitié
nu dans une pièce où cinq femmes prennent le thé, Je vous prie de m’excusez, faites comme si je n’étais pas là, et de
farfouiller dans le tiroir d’une commode à la recherche de... quoi ? Que
cherches-tu dont tu aurais besoin, déjà ?
Les
mimosas sauvages sont en pleine floraison, à croquer. Binh-Dû se souvient du
grain de sucre jaune qui décorait les gâteaux au chocolat de son enfance. Dans
la caravane, il n’y a pas de four. Six paires de bottes maculées sont avachies
sur le seuil. C’est beaucoup. Pour l’instant il est seul. Pas même un chien
pour garder le champ, ni chèvre, ni poules. S’il se tient immobile il ne
souffrira pas du froid, s’il remue un sourcil cela deviendra problématique, s’il sortait
marcher un moment par les chemins détrempés il se réchaufferait. Serait-ce le
soleil ?