lundi 4 mars 2019

4 mars


                      Tu parles ! Tu n’es personne sans ces autres que tu considères comme des prisonniers. Tu n’es rien sans quelqu’un qui te dit « tu ». Tu es un rêve mineur toujours en retard d’une inquiétude. Tu es... un chien, toujours ce chien qui deviendrait fou s’il ne trouvait plus d’arbres à renifler.
                      Binh-Dû renifle sa mémoire et parfois ça sent mauvais. Selon des conventions dénuées de pertinence : les paradis aseptisés lui donnent envie de basculer par-dessus un rebord du ciel et de chuter dans le lac d’un volcan éteint, tel un nouveau messie.
                      Il ne se souviendra pas du désastre, tout ce qui lui importera sera d’atteindre la rive, de se hisser sur la terre ferme en prenant appui sur une racine puis de s’étendre un instant sur le dos et de contempler l’envers des feuilles. Avec un peu de chance il y aura aussi des oiseaux.
                      Il s’agirait de suivre la musique la mieux en accord avec la lumière. Et d’éveiller en soi une incommensurable compassion. Alors les hélicoptères pourront bien trancher des milliers de gorges, un demi-sourire continuera de planer sur les mousses et les fougères.