Tu
parles ! Tu n’es personne sans ces autres que tu considères comme des
prisonniers. Tu n’es rien sans quelqu’un qui te dit « tu ». Tu es un
rêve mineur toujours en retard d’une inquiétude. Tu es... un chien, toujours ce
chien qui deviendrait fou s’il ne trouvait plus d’arbres à renifler.
Binh-Dû
renifle sa mémoire et parfois ça sent mauvais. Selon des conventions dénuées de
pertinence : les paradis aseptisés lui donnent envie de basculer
par-dessus un rebord du ciel et de chuter dans le lac d’un volcan éteint, tel
un nouveau messie.
Il ne se
souviendra pas du désastre, tout ce qui lui importera sera d’atteindre la rive,
de se hisser sur la terre ferme en prenant appui sur une racine puis de
s’étendre un instant sur le dos et de contempler l’envers des feuilles. Avec un
peu de chance il y aura aussi des oiseaux.
Il
s’agirait de suivre la musique la mieux en accord avec la lumière. Et
d’éveiller en soi une incommensurable compassion. Alors les hélicoptères
pourront bien trancher des milliers de gorges, un demi-sourire continuera de
planer sur les mousses et les fougères.