Tu as le
choix, comme face au miroir. Même esseulé sur la planète Mars, tu aurais le
choix. Entre le reproche et la réjouissance. Sur le lit de Binh-Dû, des reliefs
attendent qu’on débarrasse. Ce sont des coquilles d’œufs, des noyaux d’olives,
des miettes dans une assiette ; quatre bananes en grappe, deux emballages
biodégradables, un pull-over détricoté. Ce sont les cratères consécutifs à des
chutes de météorite, des fragments d’agitation irréelle. Il y a même deux
oreillers aplatis, c’est dire ! Si quelqu’un entrait, il ne verrait pas
Binh-Dû assis en tailleur.
Et
pourtant il est là. Il se rapproche de la sortie. Heureusement qu’il sourit,
car personne ne l’entendrait crier dans le vacarme ambiant. Il va être temps de
se détacher des drames intérieurs – ne t’inquiète pas, tu pourras toujours
courir au pied des arbres attraper au vol les oisillons tombant du nid. Mais
surtout pas de culpabilité, jamais plus, pour ce que tu n’aurais pu mieux
décider tel que tu étais. Une femme se déshabille derrière l’ombre chinoise
d’un pin parasol. Est-elle... nue ? Réjouis-toi, et elle avec toi. Vos
prénoms sont sur le bout de vos langues.