mardi 19 mars 2019

19 mars


                Tu as le choix, comme face au miroir. Même esseulé sur la planète Mars, tu aurais le choix. Entre le reproche et la réjouissance. Sur le lit de Binh-Dû, des reliefs attendent qu’on débarrasse. Ce sont des coquilles d’œufs, des noyaux d’olives, des miettes dans une assiette ; quatre bananes en grappe, deux emballages biodégradables, un pull-over détricoté. Ce sont les cratères consécutifs à des chutes de météorite, des fragments d’agitation irréelle. Il y a même deux oreillers aplatis, c’est dire ! Si quelqu’un entrait, il ne verrait pas Binh-Dû assis en tailleur.
                Et pourtant il est là. Il se rapproche de la sortie. Heureusement qu’il sourit, car personne ne l’entendrait crier dans le vacarme ambiant. Il va être temps de se détacher des drames intérieurs – ne t’inquiète pas, tu pourras toujours courir au pied des arbres attraper au vol les oisillons tombant du nid. Mais surtout pas de culpabilité, jamais plus, pour ce que tu n’aurais pu mieux décider tel que tu étais. Une femme se déshabille derrière l’ombre chinoise d’un pin parasol. Est-elle... nue ? Réjouis-toi, et elle avec toi. Vos prénoms sont sur le bout de vos langues.