Ça sature d’intelligence contestable, ça n’en finit pas de
penser. Ça élabore des théories sur la vie,
ça cherche à comprendre comment fonctionner. Plus ou moins. Ils ont des idées. Binh-Dû
a l’impression que lui seul pourrait penser ce qu’il pense, mais cela fait-il
de lui une personne exceptionnelle ? À quoi cela sert-il, que chacun pense
avec son propre cerveau des choses qui
semblent relever d’une expérience individuelle ? Scientifiques et gourous ont
dit l’essentiel de ce qu’il y avait à savoir pour ce qui est de détruire ou
d’aimer, l’absolu est à portée. Ne manquent plus que des modalités de diffusion.
Avant le néant. Car quel est le dessein ? L’ultime révélation se fait jour
dans le cerveau de Binh-Dû : il n’y a pas d’accomplissement sensé. Ah, ah,
va-t-en flairer la piste des lièvres, continue à poser une pierre sur l’autre,
fixe ton obsession sur tel ou tel objet à portée d’ambition. Tout ce qui fait
sens est une course tangentielle, la seule réussite est de l’ordre de la
perpétuation. Et il n’y a pas d’éveil qui fasse désirer la fin du sommeil. Vous vous
souvenez ? devise-t-il avec ses amis allongés sur l’herbe.
Certes, mollement, et pourquoi faire. Ça ne fait pas de mal. Ça retourne à
l’inconscience.