La porte d’entrée a claqué. Jumien n’entend plus que les
bruits habituels de l’immeuble, la rumeur assourdie de la rue. Il se lève,
écarte les rideaux. Le ciel est gris mais tout semble normal. Dans l’immeuble
en face, le voisin prend son petit-déjeuner, un bol de céréales comme toujours.
Il tourne la tête vers Jumien, qui lui fait un léger signe de la main pour
montrer qu’il ne l’espionnait pas. Avant de se rappeler que cette main qui fait
signe n’est pas la sienne, ni ce visage qui sourit faiblement, ni tout ce corps
dans son pyjama, précipitamment il se dissimule derrière un pan du rideau. Il
ne pourra pas aller travailler, pas dans ce corps, les enfants au lycée ne
comprendraient pas. L’administration non plus, personne ne voudrait le croire.
Nulle part, on ne le croira.