Et tu pourrais descendre la poubelle pendant que je me fais
couler un bain, conclut Sylvelle. Cette fois Jumien enfile des tennis, les
siennes, dans lesquelles ses pieds flottent. Il descend par l’escalier, il doit
s’arrêter pour serrer davantage les lacets. Dans la cour intérieure il
surprend le voisin du dessus en train de tasser le contenu de la poubelle jaune afin
d’y déverser un carton plein de photocopies. Ah Sylvelle, tu vas bien ?
s’interrompt-il, comme soulagé. Soulagé de quoi, ce type qui dit à peine
bonjour quand on le croise. Il s’approche d’elle comme s’il allait la prendre
dans ses bras, Jumien a un mouvement de recul. Je t’ai entendue tout à l’heure,
j’ai failli descendre sonner à votre porte mais comme Jumien se taisait je me
suis dit que tu ne courais pas de danger.
Il ne me ferait jamais de mal, proteste Jumien. Bien sûr, en tout cas tu sais que tu peux compter sur moi. Le visage du voisin
est trop près, il la dévisage, remarque-t-il lui aussi que Jumien ne s’est pas maquillé et qu’il a les cheveux
en pétard ? Et si Sylvelle les apercevait, depuis la fenêtre de la salle
de bains qui donne justement sur la cour ? Jumien se sent absurdement coupable,
il écarte du bras le voisin pour aller jeter son sac. Ne t’inquiète
pas, il n’y a rien de compromettant dans les papiers dont je me débarrasse, rit
le voisin, son degré de plaisanterie échappe totalement à Jumien : n’y
a-t-il rien de compromettant entre eux ou se sont-ils échangé des petits mots
qui restent conservés bien à l’abri ? Jumien s’excuse, remonte à leur
appartement.