dimanche 21 avril 2019

§ 33 et 34

Et tu pourrais descendre la poubelle pendant que je me fais couler un bain, conclut Sylvelle. Cette fois Jumien enfile des tennis, les siennes, dans lesquelles ses pieds flottent. Il descend par l’escalier, il doit s’arrêter pour serrer davantage les lacets. Dans la cour intérieure il surprend le voisin du dessus en train de tasser le contenu de la poubelle jaune afin d’y déverser un carton plein de photocopies. Ah Sylvelle, tu vas bien ? s’interrompt-il, comme soulagé. Soulagé de quoi, ce type qui dit à peine bonjour quand on le croise. Il s’approche d’elle comme s’il allait la prendre dans ses bras, Jumien a un mouvement de recul. Je t’ai entendue tout à l’heure, j’ai failli descendre sonner à votre porte mais comme Jumien se taisait je me suis dit que tu ne courais pas de danger.

Il ne me ferait jamais de mal, proteste Jumien. Bien sûr, en tout cas tu sais que tu peux compter sur moi. Le visage du voisin est trop près, il la dévisage, remarque-t-il lui aussi que Jumien  ne s’est pas maquillé et qu’il a les cheveux en pétard ? Et si Sylvelle les apercevait, depuis la fenêtre de la salle de bains qui donne justement sur la cour ? Jumien se sent absurdement coupable, il écarte du bras le voisin pour aller jeter son sac. Ne t’inquiète pas, il n’y a rien de compromettant dans les papiers dont je me débarrasse, rit le voisin, son degré de plaisanterie échappe totalement à Jumien : n’y a-t-il rien de compromettant entre eux ou se sont-ils échangé des petits mots qui restent conservés bien à l’abri ? Jumien s’excuse, remonte à leur appartement.