25 septembre
C’est un appartement qui grince du parquet quand on cherche les toilettes, avec une poignée de chasse en porcelaine, avec la cuisine juste à côté et du jus d’orange en brique dans le frigo. Aucun souvenir d’être entrée ici, la fenêtre est au deuxième étage et donne sur une cour de box à louer, des saloperies sur leurs toits en tôle ondulée. Un chat. Il y a plusieurs pièces, Charlotte pousse la porte d’une chambre où dorment Lucie et un homme au dos nu, il a du poil sur les épaules. Dans la pénombre on dirait du moisi. Lucie est reconnaissable à ses cheveux courts. Dans une autre chambre ça baise à deux ou trois, Charlotte les entend depuis le couloir, elle retourne au canapé. Elle allume un vieux lampadaire à abat-jour, cette heure ne ressemble à rien. Il était question de se rendre à un concert de jazz, non ? Elle a les oreilles qui bourdonnent un peu, le concert était la veille, Lucie n’en a pas reparlé, c’était l'anniversaire de Charlotte et elle n’a couché avec personne. Comment sont-elles arrivées ici, et où sont les autres ? Posé à côté de ses chaussures il y a un sac en papier avec tous ses cadeaux tassés dedans, ça tient. Judith lui a offert un raton-laveur en plâtre, Sélim un châle importable, trop cher, en soie, Jeff un assortiment de buvards pas trop périmés, il en reste, elle retourne au frigo leur donner un coup de froid. Des livres aussi. Il faudrait qu’elle mange quelque chose. Et qu’elle s’en aille. Elle prend une photo.