15 septembre
La rupture amoureuse renvoie au micro-ondes : tu ne comprends pas vraiment ce qui se passe mais incontestablement quelque chose se produit – d’abord ça tourne. Tu n’es pas non plus complètement idiot, tu sais qu’à la sonnerie il s’agira d’ouvrir la porte et de saisir le plat, et qu’il faudra faire attention car ce sera chaud. À quel point, tu en doutes toujours un peu – s’il faut se munir de maniques. Et s’il est sans danger de humer la fumée. La rupture amoureuse te remémore cette départementale qui longe les centrales nucléaires, et tu remontais la vitre et tu fermais les aérateurs, et si tu avais pu tu te serais retenu de respirer tant que le panache aurait été visible. Là c’était toi qui étais dans le micro-ondes, à transpirer sans climatisation. Tu déjeunes d’une portion individuelle, entre ce qui était avant et un futur inimaginable hors le souvenir d’amours calcifiées. Tu es tenté d’attendre que cela refroidisse complètement, comme la cessation de tout mouvement brownien. Alors il faudrait recommencer toute l’opération – ou te débarrasser de ton four ? Des agitations de l’amour ? Tu ignores le niveau de nocivité de ce qui bouge encore, invisible dans la matière. Sur ton agenda, des rendez-vous fixés avec confiance sont à rayer mais il faudra bien passer ces jours. Cela forme des pâtés sur la page, tu aurais dû utiliser un crayon à papier. Dans ton assiette la sauce fige. Du micro-ondes ne pourrais-tu conserver que le minuteur ?