20 septembre
Le ciel est bleu sans discontinuer, même la nuit sans doute pour ce que tu en sais – puisque quand le jour revient il révèle… un ciel bleu d’apparence immuable. Cela fait des jours et des nuits que cela dure, pire que de vivre sur une île. L’idée pourtant n’est pas de se plaindre de tout (et de son contraire) mais la plainte est une idée invasive sous le ciel. Il y aurait de quoi en rire car, quoi qu’il en soit, la nature qui a horreur du vide est bien faite. (La nature a horreur du ciel bleu, avez-vous déjà entendu le chant du courlis au printemps ? Vous êtes-vous déjà sentis dépossédés de votre automne ? Pouvez-vous envisager sérieusement l’anthropophagie ?) Ton angoisse du mot qui dévasterait un monde tout entier n’a d’égale qu’une peur insensée de la fusion amoureuse – voilà qui est détonant. À l’intérieur de soi déjà le mélange est instable, mais réparti aux deux extrémités d’une relation de couple il tend à initier un tournis centripète. Le ciel bleu est menace d’un déchirement, il est fou, le drogué ne sait plus s’il plane high ou down, s’il doit se coucher ou s’il ne faut surtout pas qu’il s’endorme. Heureusement il a faim.