22 septembre
Depuis le trottoir en face de l'immeuble de Charlotte, JC écoute la radio sur son transistor à piles.
"C'est trop fort, JC, tu vas encore te faire emmerder par les flics.
- Qui c'est qui les appelle, le bâtard, le fils de pute !
- J'en sais rien, JC, tu as trop bu aussi.
- Je bois parce que je suis dans un pays libre, le pays de la déclaration de l'homme et du pinard.
- Baisse le son, je t'assure, en plus là c'est de la pub, qu'est-ce que tu en as à faire ?
- Non madame ce n'est pas de la pub, c'est de l'info, je m'instruis.
- Tu veux que je te roule une cigarette ?
- Charlie tu es un ange."
Elle ne se définirait certainement pas ainsi,
d’ailleurs elle ne se définit pas du tout. Un jour, JC s’est énervé à propos du
terme SDF – Moi je suis un clochard,
et mon adresse c’est ici ! Il s’est aménagé, dans un angle entre deux
immeubles, une cabane avec des cartons, deux planches et trois tasseaux, un
petit barda de récupération. Il est là depuis janvier, quand les flics
l’embarquent c’est avec son caddie et la plupart de ses affaires, quelques
jours plus tard il revient. Peut-être dit-il la vérité quand il raconte qu’il
était soldat – ce pourquoi ils le traitent avec des égards. Il dit aussi qu’il
était menuisier, et puis qu’il a vécu dans les champs, mais il faisait trop froid, je préfère la ville.
"Bonne journée, JC, vas-y doucement.
- T'inquiète ma poule, rentre chez toi."
Et Charlotte rentre chez elle.