26 septembre
Charlotte ne trouve pas de place chez elle où déposer son sac de cadeaux, sans parler de sortir ceux-ci et de les disposer chacun à une place adéquate. Trop de foutoir. Elle a laissé ses chaussures dans l’entrée, mais impossible de poser un pied en contact direct avec la moquette, aucun espace libre au sol – des papiers à jeter pour l’essentiel. Quand elle invite du monde, elle en profite pour passer l’aspirateur, faire des tas, dégager un minimum le passage. Elle prémédite cela de moins en moins, inviter du monde. Elle aurait pu profiter de son anniversaire pour faire le ménage, ou le contraire ? Elle ne sait plus, ses pensées sont un peu confuses. Un fond de vodka dans le congélo. Elle a oublié ses buvards dans l’autre appartement ! Tant pis, elle est fatiguée. Elle envoie un texto à Lucie, si elle pouvait aller les récupérer. Elle ne reçoit plus souvent chez elle car quand on sonne à l’improviste elle fait semblant qu’il n’y a personne. Ils ne sont pas dupes, mais ils ont arrêté. Le sexe, ça ne se passe plus dans son lit. Il y a quelque chose qui ne va pas, elle sent la colère monter, sans doute l’effet de son nouvel âge ? L’an 1, s’était-elle préparée, ne pas se laisser abattre par les dizaines. Les trois cartons de photos de Tonio attirent immanquablement son regard, placés contre la penderie. Elle imagine qu’ils contiennent son corps tronçonné, dans l’un la tête, dans l’autre le thorax, dans le troisième les jambes. Ils ont la même contenance chacun, ce n’est pas crédible. Et elle ne l’a pas tué. Il faut absolument qu’elle range cette pièce, c’est une question de survie ! Ou de loyauté imprécise.