18 septembre
Le fracas est un art délicat – si on le pratique tel un art. Une cascade aux bords coupants, limpides, où se baigner confiant. Mais vient l’heure de la séparation, déjà elle et toi vous tenez à l’écart, sur un rocher glissant. Tu approches ta main de son visage pour en ôter les éclats, tu approches ta bouche pour saisir le tranchant entre tes dents. Elle a un mouvement de recul qui pourrait s’interpréter de diverses façons, dans le champ d’à côté les chevaux broutent consciencieusement sans vous prêter la moindre attention.
Les morceaux de verre, tu les rejettes à la rivière. Elle te gratifie d’un dernier sourire, elle s’en va, tu t’envoles. Certains mots que tu as prononcés pesaient trop lourd, tu le regrettes mais tu te réjouis aussi de voler si haut. Tu peux libérer une main, retirer maintenant les éclats fichés dans ton propre visage, ton bras, ton autre main. Ni peine ni douleur, les plaies se referment instantanément. Tu laisses tomber dans la nature. Avant les montagnes tu redescendras, ainsi qu’on ne cesse de renaître.