Si le premier mot désigne celui qui parle, ce n’est pas seulement faute
de goût, manque de délicatesse, passion de soi-même... C’est aussi un
contresens. Binh-Dû est bien placé pour raisonner ainsi, lui qui se décrirait
comme flottant dans des vêtements trop amples qui ne lui appartiennent pas.
Mais à l’aise, il se pose un peu là.
Si le deuxième mot désigne une action, alors Binh-Dû commence à rire
dans sa barbe. (Sa barbe ne lui appartient pas non plus mais il en est très
satisfait, ne serait-ce que pour tirer sur son menton.) Il apprécie qu’on lui
raconte des histoires peuplées de personnages allant d’un point à un autre tout
en tournant sur eux-mêmes, à l’instar des planètes.
Le troisième mot est dépourvu d’humour intrinsèque – sauf si le
deuxième mot désigne un état. C’est le point de bifurcation pour Binh-Dû, soit
il retourne à son sourire de base, soit il rigole franchement. Sa bonne nature
est parfois agaçante, ses interlocuteurs ont l’impression de parler dans le
vide. Ils insistent un peu, puis, de guerre lasse, s’en vont chercher ailleurs.