Toute pièce dépourvue de fenêtre se propose en salle de torture. Grande
ou petite, obscure, éclairée au néon, quand bien même dispenserait-elle une
douce pénombre avec écharpes fines posées sur abat-jours, coussins moelleux, fragrances
ambrées, un chat angora ? Une odalisque à la peau d’albâtre ? La musique
pourrait caresser l’âme... Torture.
Les spectateurs s’installent dans leur fauteuil, félicitation implicite
et mutuelle. La scène est d’un noir profond, plastique, une bâche recouvre le
sol, sur les côtés des plantes vertes, des chaises pliantes, des chaussures. Bonne
compagnie, rires aux quatre coins raisonnables, silence en face où la folie menace,
mots qui fusent en parade désordonnée.
Ça commence. C’est fini. Sur le trottoir un parasol chauffant déborde
de la terrasse du café, Binh-Dû frissonne tandis que se faufile un cycliste casqué.
L’amie avec qui il se trouve lui raconte tout ce qu’il a manqué, les tableaux
émotionnels, le plaisir organique, les déploiements contemplatifs. Elle a
raison, c’était sûrement beau. Il rouvre à nouveau ses yeux vers l’extérieur.