jeudi 4 octobre 2018

4 octobre


Toute pièce dépourvue de fenêtre se propose en salle de torture. Grande ou petite, obscure, éclairée au néon, quand bien même dispenserait-elle une douce pénombre avec écharpes fines posées sur abat-jours, coussins moelleux, fragrances ambrées, un chat angora ? Une odalisque à la peau d’albâtre ? La musique pourrait caresser l’âme... Torture.
Les spectateurs s’installent dans leur fauteuil, félicitation implicite et mutuelle. La scène est d’un noir profond, plastique, une bâche recouvre le sol, sur les côtés des plantes vertes, des chaises pliantes, des chaussures. Bonne compagnie, rires aux quatre coins raisonnables, silence en face où la folie menace, mots qui fusent en parade désordonnée.
Ça commence. C’est fini. Sur le trottoir un parasol chauffant déborde de la terrasse du café, Binh-Dû frissonne tandis que se faufile un cycliste casqué. L’amie avec qui il se trouve lui raconte tout ce qu’il a manqué, les tableaux émotionnels, le plaisir organique, les déploiements contemplatifs. Elle a raison, c’était sûrement beau. Il rouvre à nouveau ses yeux vers l’extérieur.