vendredi 26 octobre 2018
26 octobre
Il s’est levé trop tôt et du mauvais pied, et maintenant il appuie sur la pédale droite, la pédale gauche, et il lui semble se rapprocher du vieux bonhomme en anorak usé qui, dans une paire ou deux de décennies, bravera vaillamment les frimas et l’extension fatidique de ses propres douleurs – si les dieux jusque là lui prêtent vie – en une trajectoire asymptotique car oui, ses jambes de vingt ans étaient plus vigoureuses ; et Binh-Dû a bien d’autres sujets de récrimination tandis qu’il traverse Paris, à commencer par ces publicités ubiquistes dont la médiocrité veule ou agressive lui endommage l’âme, à continuer par les conducteurs de SUV qui ne lui témoignent pas toute l’attention qui lui est due, c’est tout juste s’ils le voient quand ils déboîtent, et la liste serait longue encore mais un moucheron le percute soudain et s’abîme sous sa paupière... Que dire, que faire ? Penser positivement, prêche la dame assise derrière lui dans le TGV, « l’argent, la santé, tout va s’arranger dans la vie ». Cette même dame qui rit d’avoir été sifflée dans la rue, jadis ? En attendant le grand arrangement, la lune du soir, tard, est gibbeuse.