Les morts sont à la fête, ils font même sourire la famille syrienne serrée sous une couverture près de la grille d’aération du métro. Quant aux petits enfants noirs, ils rient de se voir si verts dans le reflet d’épouvante des vitrines. Binh-Dû sent la froideur lui empoigner les os, il a bipé trois fois sous le portique avant qu’on le laisse sortir du grand magasin.
Certes il avait volé quelque chose, mais c’était pour gagner du temps. Et de toute façon, il rapportera ni vu ni connu cette chose, intacte après usage, ne pourrait-on pas lui faire confiance une fois pour toutes ? Il est une personne fiable, en avance sur son rendez-vous. Il se promène au hasard en attendant, il se retrouve face à l’amie, entre eux le hasard est toujours le meilleur GPS.
À la couette il superpose les couvertures. Trop frigorifié pour retourner le matelas en face hiver. Il faut croire que cela ne changerait rien. La maison est ouverte mais le jardin est différent. Il reconnaît à peine les pièces de l’étage, mais où est la mer ? Était-ce à la campagne ? Un feu s’éteint doucement dans son cercle de pierres. C’était le bonheur.