jeudi 18 octobre 2018
18 octobre
Où voudrais-tu aller si tu en avais le loisir ? demande Binh-Dû, et son amie ouvrant son ordi lui répond que c’est un jour à se promener sur les plages. Être celui qui a le loisir, ce statut contient un aspect de cruauté. Le ciel est traversé de hauts nuages élégamment formés, le soleil brille, la brise caresse, Binh-Dû marche sur la plage. Il balance les bras, son amie lui dirait de se calmer un peu. Il s’assied pour regarder la mer monter. Son amie serait allée se baigner. Binh-Dû garde ses chaussures, l’an passé à la même époque il avait contracté une tendinite. Son amie est sans doute encore en train de travailler, Binh-Dû observe la plage par procuration, il aimerait trouver un coquillage à offrir. L’océan tarde à lécher ses semelles... S’asseoir, c’est fixer l’image, l’œil n’a pas le temps d’accommoder quand le corps est en mouvement. Il faudrait évoquer chaque vague et ses franges d’écume (ce n’est pas indispensable). Le jour décroît à l’intérieur des terres. La fenêtre d’un deuxième étage est fermée, d’où une gamine au matin a sifflé « Beau gosse ! » à l’attention de Binh-Dû avant que son frère ne lance « P’tite bite ! » Pourquoi n’être que ce que les autres voudraient qu’on soit ? L’amie de Binh-Dû envoie un dernier mail professionnel avant de clore sa session.